Lorsque Celia White a commencé à explorer le système alimentaire du campus de la Vancouver Island University (VIU) à Nanaimo, en Colombie-Britannique, elle a trouvé des gens passionnés et un grand potentiel.
« On souhaitait ardemment faire du campus de la VIU un endroit plus durable pour ce qui est des aliments », d’affirmer Mme White. « Mais il n’y avait pas beaucoup d’activité concrète ».
C’est un défi attribuable au territoire. D’une part, les étudiants sont une population engagée. Ils sont très soucieux des problèmes auxquels notre système alimentaire fait face et sont motivés à s’y attaquer. D’autre part, ils ont d’autres priorités, étudier par exemple. Et lorsque les étudiants obtiennent leur diplôme ou avancent sans plan de sortie, leurs projets peuvent échouer.
C’est ce qui aurait pu facilement arriver lorsque Mme White a obtenu son diplôme en juin 2013. Mais grâce à un nouveau poste financé par l’université et axé sur la sécurité alimentaire, elle a pu continuer le travail qu’elle avait commencé en tant qu’étudiante. Mme White occupe actuellement un poste contractuel à temps plein à titre de coordonnatrice des communautés en santé, un emploi qui inclut des recherches sur les politiques d’achats durables et une aide pour élaborer une stratégie alimentaire pour l’université.
Le poste est le fruit d’une initiative nationale appelée le Campus Food Systems Project [projet sur les systèmes alimentaires des campus] (CFSP). Financé par la Coalition jeunesse Sierra et Meal Exchange, son but est de favoriser un changement dans les systèmes alimentaires sur le campus. En 2009, grâce à un financement de la Fondation de la famille McConnell, l’équipe de projet a sélectionné cinq campus dans l’ensemble du pays, en fonction des demandes provenant des étudiants à la tête des projets dans ces établissements. Elle a versé à chacun une petite allocation, environ 1 000 $, affirme la coordonnatrice du CFSP Sarah Archibald, pour agir à titre d’organisateur de la sécurité alimentaire sur le campus.
À la Vancouver Island University, ces chefs étaient Mme White, ainsi que ses amies étudiantes Jesse Alexander et Leah Chesterman.
Selon Mme White, la majorité du travail concernait la création et le renforcement de relations; par exemple, les liens entre le programme d’arts culinaires de l’université et son programme sur les pêches et l’aquaculture qui, en 2009, ont permis de commencer à expérimenter des systèmes de cultures alimentaires aquaponiques.
« Tout simplement du fait que tous ces différents intervenants se réunissent dans la même salle au même moment, il est vraiment étonnant de constater le degré de changement qui peut se produire », affirme Mme White. « Beaucoup de personnes poursuivent des buts semblables, cela élimine les cloisonnements ou le morcellement ».
Lorsque le financement provenant du Campus Food Systems Project a pris fin après deux ans, Mme White a pu trouver six mois de financement par le biais de la Vancouver Foundation. Par la suite, elle a été nommée à son poste actuel de coordonnatrice des communautés en santé, qui est administré par le comité consultatif en matière de durabilité de l’université.
Elle affirme que le poste a permis de faire adopter des idées qu’elle et ses pairs n’avaient pas le temps ou la capacité de reprendre à titre d’étudiants de premier cycle. « En théorie, notre priorité devrait être notre travail scolaire, mais souvent, c’était ce projet parce que nous étions tous vraiment passionnés par celui-ci. Maintenant que j’occupe un poste à temps plein qui reçoit du financement et un soutien personnel et social de l’établissement, je suis capable de faire le suivi de beaucoup de projets dont on parlait ou qu’on envisageait à peine lorsqu’on était étudiants ».
En plus d’assurer une certaine sécurité d’emploi pour elle-même, Mme White affirme que le poste est également le symbole de l’engagement de la Vancouver Island University envers la durabilité.
« La VIU elle-même a en fait utilisé mon poste comme moyen de s’annoncer comme un établissement durable », dit-elle. « Je me sers de l’université pour obtenir du financement et du soutien afin de réaliser des choses de mon côté; elle se sert de moi pour bien paraître ».
D’autres chefs étudiants au sein du réseau ont obtenu des postes à temps plein financés par leurs administrations, mentionne Mme Archibald dans un billet de blogue récemment. Cette année, l’association étudiante de l’Université du Nouveau-Brunswick a créé un poste de coordonnateur des aliments sur le campus. Le bureau de la durabilité de l’Université du Manitoba a embauché une ancienne coordonnatrice du Campus Food Systems Project, Julie Rempel, pour aider à coordonner les recherches concernant le système alimentaire de l’université.
Ce réseau a été utile, déclare Mme White, qui aide actuellement à reformuler des demandes de propositions de la VIU pour qu’elles accordent une place plus importante aux aliments locaux. « Mon travail consistait à rechercher à quoi elles pourraient ressembler. . . comment rédige-t-on des politiques d’achats durables qui profitent à nos établissements ainsi qu’aux fermiers et aux distributeurs? »
Mme White affirme qu’elle établit des contacts avec des universités à travers le Canada « Je dispose de tout un réseau de personnes qui ont déjà vécu cette expérience ou qui la vivent actuellement ».