Légende : une murale représentant la vision du premier laboratoire d’apprentissage de Haida Gwaii. Photo par Kiku Dhanwant.
Haida Gwaii, un archipel d’îles situé sur la côte nord de la Colombie-Britannique abrite moins de 5 000 insulaires (dont la plupart habitent sur l’une des deux principales îles) et beaucoup de ressources alimentaires locales. La population y chasse le chevreuil, fait l’élevage des pétoncles, pêche du saumon sauvage et cueille des champignons. Pendant les mois d’été, quatre marchés agricoles desservent les insulaires.
Quelle est la meilleure façon de relier ces ressources aux cafétérias de Haida Gwaii? C’était la question clé lors d’une récente séance de visualisation de l’avenir de la communauté. Le 16 mai, des représentants de 16 groupes différents, y compris des agriculteurs, des directeurs, des enseignants, des coordonnateurs d’aliments et des cuisiniers, se sont réunis dans la ville de Port Clement pour imaginer une vision de l’alimentation dans les écoles de Haida Gwaii. Leur grande vision se résumait ainsi : « En provenance des îles ».
Elle tient au fait que les modes de vie ici tournent autour de la cueillette, de la chasse, de la pêche et de la culture des aliments, d’affirmer Kiku Dhanwant, coordonnatrice locale du projet De la ferme à l’école. La récolte locale est une partie « très importante de la culture ancienne et actuelle », de déclarer Mme Dhanwant. « Nous devons donc cultiver une culture qui permet de comprendre la provenance de nos aliments et de faire partie de leur cueillette ».
La réunion de mai était la première de trois ou quatre laboratoires d’apprentissage qui auront lieu au cours de la prochaine année pour mettre cette vision de l’avant. Le processus de laboratoire d’apprentissage a été lancé au début de 2014 dans le cadre d’une initiative nationale intitulée Nourishing School Communities Initiative, menée par la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC et financée par le Partenariat canadien contre le Cancer (PCCC), avec De la ferme à la cafétéria Canada comme partenaire clé pour assurer la direction et aiguiller les fonds vers les communautés.
Les îles suscitent beaucoup d’intérêt, d’affirmer Amber Cowie, qui a entamé le processus de laboratoire d’apprentissage avant que Mme Dhanwant la remplace en qualité de coordonnatrice. Le financement fourni par l’initiative provinciale Produce Availability en 2010 a aidé à établir les relations entre trois fermes et huit institutions publiques, y compris un hôpital et sept écoles.
Le processus de laboratoire d’apprentissage vise à appuyer une activité en particulier au sein d’une communauté. Tout d’abord, une communauté de pratique est convoquée pour expliciter sa vision et ses objectifs généraux, et parvenir à un consensus sur les prochaines étapes immédiates.
Le groupe se réunit tous les six mois pour examiner les progrès et réviser le plan d’action. Chaque séance se termine par un autre ensemble de mesures à prendre en priorité.
L’idée provenait d’un organisme sans but lucratif aux É.-U. appelé School Food FOCUS, qui à l’origine a élaboré le programme pour intensifier les efforts visant à se procurer davantage d’aliments locaux pour les programmes de repas aux élèves dans les districts scolaires plus importants comptant plus de 40 000 élèves.
Il s’agit de la première tentative en vue de conduire le processus de laboratoire d’apprentissage vers une communauté autochtone éloignée au Canada. Mme Dhanwant affirme que le laboratoire convient très bien à Haida Gwaii, une communauté tissée serrée qui jouit de ressources alimentaires locales extrêmement riches.
À l’heure actuelle, les fonds provenant du PCCC financent le poste de Mme Dhanwant et les frais d’exploitation des laboratoires d’apprentissage. « Le simple fait d’occuper ce poste, que ce soit moi ou quelqu’un d’autre, est vraiment crucial », affirme Mme Dhanwant. « Quelqu’un qui peut seulement se concentrer sur la nature des besoins et les associer. Chacun utilise son potentiel maximal dans le cadre de son poste ».
Selon Mme Dhanwant, le laboratoire convient très bien à Haida Gwaii, une communauté tissée serrée qui jouit de ressources alimentaires locales extrêmement riches.
À l’heure actuelle, De la ferme à la cafétéria finance le poste de Mme Dhanwant et les frais d’exploitation des laboratoires d’apprentissage. « Le simple fait d’occuper ce poste, que ce soit moi ou quelqu’un d’autre, est vraiment crucial », affirme Mme Dhanwant. « Quelqu’un qui peut seulement se concentrer sur la nature des besoins et les associer. Chacun utilise son potentiel maximal dans le cadre de leur poste ».
Les postes des coordonnateurs alimentaires de six des écoles de la région sont financés (par CommunityLINK, par le biais du conseil scolaire) pendant environ quatre heures par semaine. Le Gwaii Trust, un fonds de développement économique local, fait don de 85 000 $ par année pour que les écoles achètent des aliments.
En ce qui a trait aux producteurs et aux fournisseurs, on compte au moins quatre transformateurs de viande locaux, trois transformateurs de poisson et fruit de mer et d’autres personnes qui élèvent des pétoncles et des huîtres. Mme Dhanwant connaît 20 des 50 agriculteurs, certains d’entre eux étant relativement petits.
Elle affirme qu’elle espère compléter les budgets d’aliments dans les écoles pour pouvoir acheter davantage localement. La viande est particulièrement coûteuse parce que les aliments pour animaux sont très coûteux à expédier. Mais les agriculteurs sont enthousiastes à l’idée de participer, d’indiquer Mme Dhanwant. « Nous avons beaucoup d’ensoleillement ici, je sais que les agriculteurs veulent vraiment prolonger leur saison de croissance. Nous pouvons conserver beaucoup d’aliments en provenance des fermes. Je me concentre sur le renforcement des capacités pour conserver les aliments, en promouvant l’idée d’un garde-manger parce que nous vivons dans un climat nordique ».
Le fait que les produits locaux sont plus chers est un défi, d’affirmer Vicki Ives, directrice de la Sk’aadgaa Naay Elementary School. « Nous avons un budget limité à l’école », dit-elle. L’argent pour le personnel se fait rare également; elle indique qu’elle aimerait embaucher un autre membre du personnel pour la cuisine qui a actuellement un cuisinier travaillant 20 heures par semaine mais qui peut demander à des bénévoles de l’aider à la préparation des aliments. « Ce serait bien de pouvoir leur verser une petite allocation également », de déclarer Mme Ives. « Ils sont dévoués ».
C’est aussi le cas des coordonnateurs de De la ferme à la cafétéria et de sa directrice, Joanne Bays, d’indiquer Mme Ives. « Ils sont réellement prêts à nous aider », dit-elle, « et sans eux, le travail ne se ferait pas ».
Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de De la ferme à la cafétéria Canada.