Hayley Lapalme
Je me suis demandé plus d’une fois si c’était par hasard que les cuisines d’hôpitaux se trouvent souvent au sous-sol. L’importance accordée à l’alimentation dans les soins de santé est souvent minée par la priorité que l’on donne aux soins cliniques, au lieu d’être considérée comme complémentaire à ces derniers. D’ailleurs, j’entends fréquemment les mêmes rengaines dans le milieu : « C’est un choix entre la nourriture et les IRM », ou encore « Si un patient se sent assez bien pour se plaindre à propos de la nourriture, c’est qu’il est prêt à rentrer à la maison. »
À l’échelle du pays, 25 innovateurs de Nourrir la santé remettent en question ces façons de penser en démontrant la valeur de l’alimentation dans les soins de santé. De l’archipel Haida Gwaii à Gander, la cohorte de Nourrir la santé passera deux années à apprendre, à faire des essais et à explorer les enjeux entourant le rôle de l’alimentation dans l’optimisation de l’expérience du patient, de la culture organisationnelle et du bien-être de la collectivité. La plupart de ces innovateurs sont des professionnels des services alimentaires dans les hôpitaux et les maisons de soins de longue durée. Ils œuvrent auprès des populations urbaines et rurales de collectivités francophones, anglophones et autochtones. Ils travaillent en collaboration pour trouver la voie vers un avenir où les établissements de soins de santé sauront reconnaître et prévoir les répercussions de l’alimentation sur le parcours du patient, la vigueur économique et le bien-être de l’environnement.
En tant que passionnés de l’alimentation, vous êtes de vrais témoins du caractère stimulant que peut revêtir un repas. Dans les campus, la nourriture alimente des étudiants qui ont un grand appétit pour de nouveaux horizons. Dans les milieux de soins de santé, les repas offrent trois occasions par jour de se réconforter pendant une période souvent solitaire et bouleversante. Les repas offrent aussi la chance de mettre en pratique de nouveaux comportements, d’appuyer un rétablissement plus rapide et de rapprocher les patients à la culture et à l’endroit, ou encore de faire tout le contraire.
Wendell Berry, poète et agriculteur, a prononcé cette phrase célèbre : « manger est un acte agricole ». Il décrit ainsi les répercussions des choix individuels sur l’alimentation et l’agriculture. Étant donné l’échelle et l’envergure des services alimentaires dans nos établissements canadiens, je considère que manger est un acte culturel. Le milieu des soins de santé à lui seul nourrit 35 millions de personnes, ce qui représente plus de 4 milliards de dollars pas année. Son importance financière et sociale en fait un exemple à suivre en matière d’alimentation, et envoie un message clair sur les valeurs qui devraient déterminer quels aliments sont cultivés et qui y a accès.
Cet automne, les innovateurs de Nourrir la santé annoncera la suite des projets sur lesquels ils collaboreront. Ils s’attaqueront notamment à certains des obstacles systémiques qui empêchent le secteur d’offrir la pleine valeur des aliments à leurs patients. Qu’il s’agisse des défis associés aux plats traditionnels, par exemple la double dose de féculents que l’on retrouve dans une recette anishinabek à base de riz et de pommes de terre, ou encore des difficultés de développer des sources alimentaires pour des menus plus durables et savoureux, les innovateurs réuniront leur savoir-faire collectif pour réinventer la place de l’alimentation dans les soins de santé. Bref, ils chercheront à créer un avenir où l’alimentation fait partie intégrante de l’alimentation et de la guérison.
Hayley Lapalme est conceptrice et facilitatrice du programme Nourrir la santé à la Fondation de la famille J.W. McConnell.
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