À Maple Ridge, en Colombie-Britannique, vous trouverez un jardin intergénérationnel qui nourrit sa communauté depuis près de 10 ans.
Grâce à ce projet, les jeunes élèves, les aînés et les enseignants cultivent et apprennent ensemble. Les aînés transmettent des connaissances importantes et les plus jeunes apprennent à faire pousser des aliments et à prendre soin d’un jardin.
Le projet est devenu un véritable cadeau pour l’ensemble de la communauté.
Les origines
Le projet de jardin intergénérationnel a été le résultat de consultations communautaires menées par le réseau « Maple Ridge, Pitt Meadows et Katzie Seniors Network » qui administre le jardin. Les consultations ont mis en évidence le fait que les personnes âgées souhaitaient des opportunités de volontariat ayant du sens, et que nombre d’entre elles avaient un intérêt particulier pour le jardinage. Il était également entendu que cela serait très bénéfique pour les jeunes générations.
Suite aux consultations, Heather Treleaven, directrice générale du Réseau des Aînés (« the Seniors Network »), a travaillé avec le personnel de la ville de Maple Ridge pour demander un financement du gouvernement fédéral dans le cadre du programme Nouveaux Horizons pour les aînés. Grâce à ce financement, ils ont pu aménager un jardin en face de deux écoles primaires qui se sont associées pour le projet. Le jardin est situé sur un terrain appartenant à la ville de Maple Ridge, ce qui leur donne accès à l’eau.
Un comité consultatif sur le jardin a été formé dès le début, ce qui a permis de recueillir de nombreuses connaissances en cours de route. Le personnel du centre CEED local a partagé ses idées, de même que les bénévoles âgés et les membres du conseil d’administration du réseau.
Makenna Patrick, coordinatrice du jardin, explique que tous les aînés bénévoles apportent des compétences et des capacités uniques au jardin, ce qui crée un environnement d’apprentissage dynamique. Certaines personnes âgées participent au programme depuis ses débuts, et d’autres sont même des jardinières confirmées. D’autres encore sont des enseignants à la retraite qui offrent un point de vue utile sur la mise en œuvre du programme scolaire.
Les connaissances partagées et les relations établies se sont révélées extrêmement précieuses. En plus de permettre aux jeunes élèves de s’initier à l’éducation alimentaire, le projet a donné aux enseignants l’occasion d’apprendre grandement des personnes âgées expérimentées. Ils pourront ainsi transmettre ces connaissances aux classes et générations futures.
Heather explique que le quartier s’est vraiment mobilisé autour du jardin. Les membres de la communauté ont aidé à construire le jardin (Heather elle-même a aidé à pelleter le gravier), les pompiers ont aidé à installer la clôture, et les entreprises locales ont fourni beaucoup de soutien en tout genre (en offrant par exemple de la terre, des graines ou encore la clôture).
Comme il se doit pour toute véritable entreprise communautaire, le jardin a une politique de porte ouverte. Tout le monde est invité à entrer, à s’asseoir sur les bancs et à profiter de cet espace communautaire.
Vous pouvez visiter le site Web du Réseau des Aînés pour plus de détails, y compris une liste complète des sympathisants et des bailleurs de fonds.
Comment cela fonctionne?
Chaque année, environ 400 élèves d’une quinzaine de classes différentes participent au jardin. Ces élèves sont encadrés par 20 à 30 aînés volontaires. Makenna coordonne les journées de disponibilité des bénévoles et offre un programme pour chaque niveau scolaire.
Chaque classe dispose d’un créneau hebdomadaire d’une demi-heure dans le jardin. Pendant les 10 premières minutes, ils discutent de ce qu’ils vont apprendre, puis les 20 minutes suivantes sont dédiées à l’apprentissage pratique.
En général, le jardin est ouvert de mars à juin, puis de septembre à octobre ou novembre. Les aînés volontaires sont présents dans le jardin toute l’année et assurent ainsi la continuité et l’entretien en continu.
Les bénévoles se réunissent tous les mois, en fonction des projets en cours dans le jardin. Des sous-groupes se réunissent également pour divers projets (par exemple, le groupe responsable de la banque alimentaire, du compost, ou encore des cultures indigènes).
Les aînés et les élèves peuvent profiter de la dégustation des récoltes, mais une grande partie est aussi donnée à une banque alimentaire locale. L’année dernière, le jardin a produit plus de 500 livres d’aliments.
Récolter les fruits
Pour Makenna et Heather, la partie la plus gratifiante a été de voir l’impact du jardin sur le plan social, éducatif et environnemental.
Ce qui est particulièrement spécial est de voir les relations s’épanouir entre les aînés, les élèves et les enseignants, et toutes les autres personnes impliquées. En outre, le jardin a donné aux personnes âgées un but et un espace où elles se sentent appréciées, et, bien sûr, il a offert aux élèves une opportunité d’apprentissage pratique importante.
Heather et Makenna soulignent notamment le fait que cultiver ses propres aliments change vraiment la façon dont les jeunes voient l’alimentation.
Il a été particulièrement significatif de constater que le jardin aide à développer chez les jeunes des comportements environnementaux. « Après une leçon sur les pollinisateurs, explique Makenna, nous entendons des élèves dire qu’ils ont planté des graines de fleurs sauvages à la maison. C’est spécial de voir que ces leçons ont des impacts directs et immédiats en dehors du jardin. »
Makenna ajoute qu’il a été étonnant de voir tout ce que les élèves peuvent comprendre rapidement. « Nous ne passons qu’une demi-heure par semaine dans le jardin, et la quantité de choses qu’ils apprennent est incroyable. Nous passons en revue les fonctions des cinq parties principales d’une plante, puis nous les dégustons, et on les voit rapidement relier leurs acquis .»
Après les confinements liés à la COVID, c’était un avantage supplémentaire de disposer d’un espace de classe extérieur dédié lorsque les élèves sont retournés à l’école.
« Il n’y a pas de fin à l’amusement que nous observons », dit Heather. « Il y a quelque chose de nouveau chaque année, une nouvelle opportunité ». Actuellement, ils travaillent en partenariat avec la Fondation David Suzuki dans le cadre du projet « Butterfly Ways ».
Bien que ce ne soit pas l’objectif initial du jardin, les dons à la banque alimentaire locale sont également devenus une partie importante du projet. Cela a conduit à d’importantes conversations avec les élèves sur la sécurité alimentaire.
Principaux conseils et facteurs de réussite
Makenna et Heather s’accordent à dire que le principal facteur de réussite a été la participation de la communauté.
« Le jardin est un projet d’une telle envergure que sans une grande variété de compétences, d’opinions et de types de personnes, il ne serait pas aussi dynamique et beau qu’il l’est actuellement » explique Makenna. « C’est vraiment une collaboration de toutes les personnes qui ont été impliquées ».
Pour Heather, le fait d’avoir un poste rémunéré comme celui de Makenna a également été une clé majeure de leur réussite. Le poste rémunéré est possible grâce au partenariat (non financier) avec le Réseau des Aînés. Ce-dernier s’occupe de la rédaction des demandes de subventions, de la promotion du projet dans la communauté et de la mise en relation avec les entreprises locales pour des dons.
Il existe de nombreuses possibilités de financement pour lancer des projets de jardinage. Mais l’enjeu principal est de réussir à trouver des bailleurs de fonds prêts à contribuer au maintien de l’initiative en cours. À l’avenir, l’équipe espère voir un poste comme celui de Makenna se transformer en un poste à l’échelle de la région pour coordonner les jardins dans plusieurs écoles, y compris dans les écoles secondaires.
Si ce projet de jardin intergénérationnel vous inspire autant que nous, voici quelques conseils offerts par Heather et Makenna :
- Commencez petit : un jardin communautaire comporte de nombreux éléments mouvants, il faut donc parfois se restreindre et accepter ses limites.
- Faites appel à votre communauté et n’ayez pas peur de demander de l’aide : vous y trouverez beaucoup de connaissances et de soutien. Par exemple, lorsque l’équipe du jardin cherchait à obtenir des fonds, elle a publié un article dans son journal local annonçant qu’elle risquait de fermer, ce qui a amené certains bailleurs de fonds et entreprises privées à offrir leur soutien.
- Ne sous-estimez pas ce que les jeunes peuvent faire! Maintenez vos élèves à un niveau élevé d’implication et vous observerez les choses impressionnantes qu’ils peuvent réaliser.
- L’attitude des bénévoles reflètera votre attitude, il est donc important d’être positif.
- Considérez les défis comme des opportunités d’apprentissage! Par exemple, lorsque l’équipe a dû faire face à des insectes dans le jardin, elle a vu cela comme une occasion d’apprentissage pour tout le monde : les participants ont pu voir à quoi ressemblaient les dégâts sur les feuilles causés par les mille-pattes et comment y remédier.
- Essayez de vous associer à une organisation communautaire, à un organisme à but non lucratif ou à un club de services : ils pourraient être en mesure d’apporter des fonds pour une personne en charge du jardin!
- Recherchez les possibilités de financement : cette année, le jardin intergénérationnel est l’un des six bénéficiaires de la bourse Scotts Canada « Gro for Food » 2022. Bravo!
Alors que l’intention initiale du jardin était de créer des opportunités significatives pour les personnes âgées de partager leurs connaissances, le projet a accompli bien plus encore. Les relations s’épanouissent, la sécurité alimentaire locale est soutenue et une éducation environnementale de qualité est développée pour les élèves et les enseignants, et va continuer dans les années à venir.