Championne : Véronic Poisson
Localisation : Val-des-Sources, Québec
Nommée par : Clara Canac, Conseillère en alimentation durable chez Équiterre
Stragégie pour rapprocher les élèves de l’alimentation : Le programme scolaire
Lien avec F2CC : A travaillé sur trois projets soutenus par des bourses de De la ferme à la cafétéria Canada en 2018, 2020 et 2022.
Crédit photo : Véronic Poisson
Elle a commencé à faire du bénévolat au marché local et a fini par transmettre sa passion pour l’alimentation locale à l’école où elle travaillait. En collaboration avec le directeur, Véronic a participé au lancement d’une coopérative alimentaire dont la mission est de s’approvisionner en produits alimentaires locaux pour nourrir le plus grand nombre d’élèves possible.
Un bar à salades « De la ferme à l’école » est un type d’offre alimentaire scolaire qui permet aux élèves de composer leur propre bol ou leur assiette à partir d’un choix d’aliments sains, le plus souvent locaux, comprenant une variété de légumes et de fruits, au moins une option céréalière et une option de protéine.
La Coop s’est largement développée depuis son lancement en 2017. Elle approvisionne les bars à salades des écoles, propose des ateliers sur la nutrition et prend même le rôle de banque alimentaire locale. Sur les six écoles primaires qui en font partie, deux disposent actuellement d’un bar à salades. Au fil du temps, la Coop espère augmenter le nombre de bars à salades dans d’autres écoles ainsi que le nombre de jours où ceux-ci sont proposés.
« Ce sont 80 à 85 % des repas qui sont préparés à partir d’aliments d’origine locale, notamment de la viande, des œufs, des légumes et du fromage », explique Véronic. « Les repas sont offerts aux élèves qui en ont le plus besoin, tandis que ceux qui en ont les moyens paient un montant réduit ».
En tant qu’enseignante, Véronic saisit toutes les occasions d’impliquer les élèves du secondaire dans leur système alimentaire. Ils travaillent dans le grand jardin en aidant à la plantation, à l’entretien et à la récolte.
Quant aux élèves du primaire, ils apprécient particulièrement partager ensemble les repas qu’ils ont contribué à préparer. « Ils n’ont pas peur de goûter de nouveaux aliments », mentionne Véronic. «S’ils sont attrayants et colorés, ils ont même envie de les goûter. »
Lorsque l’école a introduit pour la première fois des bars à salades avec des produits du jardin comme des pousses, des radis melon d’eau et des panais, les enfants hésitaient à les goûter. « Aujourd’hui, je vois des élèves choisir des légumes et une sauce au lieu d’un muffin aux pépites de chocolat. C’est très gratifiant », déclare Véronic.
Dans une communauté comme Val-des-Sources, il est plus facile de mettre les élèves en contact avec des aliments sains ainsi qu’avec les personnes qui les produisent, admet Véronic. Certains jeunes savent que le père de leur camarade de classe produit le bœuf qui a servi à confectionner les boulettes de viande pour le barbecue, ou que le producteur à côté de l’école fournit les œufs. Ces messages se propagent et contribuent à susciter chez les élèves une curiosité et un intérêt croissants pour l’origine de leur alimentation.
La créativité et l’ingéniosité de Véronic permettent de maintenir les coûts alimentaires de la coopérative aussi bas que possible, et les élèves ont ainsi la possibilité de déguster des plats uniques. À l’automne, elle appelle les producteurs locaux et récupère tout ce qu’ils peuvent donner de leur jardin. Lorsqu’un agriculteur local a offert ses citrouilles, Véronic s’est adressée au boulanger de la région qui a préparé une crème caramel à la citrouille et une croustade à base de graines de citrouille grillées et de sirop d’érable, une surprise qui a ravi tout le monde.
Les élèves ont également l’occasion de découvrir la gastronomie locale en dehors du cadre scolaire. Il y a quelques années, ils ont pu mettre en place leur propre version d’un marché alimentaire dans le cadre de leur participation à l’initiative québécoise « Les institutions mangent local! ». À l’heure du déjeuner, les producteurs locaux apportaient leurs produits pour que les élèves puissent les voir et les goûter. « Cela a créé un fort sentiment d’appartenance et de connexion au sein de leur propre communauté », explique Véronic.
Dans un monde parfait selon Véronic, les enfants, de la maternelle à l’université, auraient accès à une alimentation saine et délicieuse, à un prix raisonnable. Ils sauraient également d’où proviennent les aliments qu’ils mangent. Ils auraient conscience de tout ce qu’implique la culture des aliments mais aussi des animaux impliqués dans la production alimentaire.
Inspirée par De la ferme à la cafétéria Canada, Véronic crée des liens importants entre les fournisseurs d’aliments locaux des Cantons-de-l’Est du Québec et les élèves avec lesquels elle échange. Véronic sait aussi mobiliser les parents, les équipes pédagogiques et les directions d’écoles en leur offrant des ressources et des idées pour des projets concrets liés à l’alimentation locale.
Bien que l’alimentation nous rapproche de multiples façons, nous avons demandé à Véronic de choisir un mot pour le thème « L’alimentation, ça rapproche » qui résonne vraiment pour elle. Elle a choisi « le programme scolaire ».
En effet, Véronic continue de mener des conversations fructueuses avec les partenaires de la Coop pour explorer des moyens d’accroître la part du programme scolaire consacrée à l’alimentation et à la communauté. Entre-temps, un nombre croissant d’écoles québécoises ont introduit le programme d’AgrÉcoles, adressé aux élèves de la 1ère à la 6ème année. L’organisme collabore avec les écoles pour intégrer l’agroalimentaire à la vie scolaire de façon novatrice afin d’encourager les élèves à explorer et à comprendre leur système alimentaire, à adopter des modes de vie sains et, en tant que futurs citoyens, à s’impliquer dans la promotion du collectif et de l’environnement.
Des championnes comme Véronic aident F2CC à réaliser sa mission, qui consiste à transformer la façon dont l’alimentation est vécue, apprise et célébrée dans les écoles en favorisant un sentiment d’appartenance et d’inclusion pour de nombreux élèves dans les écoles des Cantons-de -l’Est, et en inspirant d’autres personnes à s’impliquer dans ce domaine.
En tant que bénéficiaires d’une bourse De la ferme à l’école, ces écoles ont montré leur engagement à favoriser des systèmes scolaires dynamiques, mais elles ne peuvent pas le faire seules. Aidez-nous à soutenir davantage de personnes comme Véronic Poisson et de communautés scolaires comme Val-des-Sources afin de créer des liens durables entre les élèves, leur alimentation et les systèmes qui la produisent.