Réduire les écarts de l’alimentation locale en Ontario

Comprendre les opportunités et les limites de l’approvisionnement et de la distribution d’aliments locaux dans les écoles, de la maternelle à la 12e année en Ontario

F2CC, en partenariat avec Student Nutrition Ontario Central East Region, Sustain Ontario et la Coalition pour une saine alimentation scolaire, a travaillé avec quatre étudiants aux études supérieures de l’Université de Guelph de septembre 2023 à avril 2024. Le projet visait à aborder un problème systémique ayant une incidence importante sur les communautés à travers le Canada : le potentiel inexploité d’achat et d’offre d’aliments locaux dans les programmes de collations et de repas scolaires afin de soutenir l’agriculture canadienne et le secteur agroalimentaire, tout en connectant les élèves aux systèmes alimentaires locaux et en encourageant de saines habitudes alimentaires.

Cette initiative faisait partie du cours Innovation and Entrepreneurship in Agri-Food Systems, porté par la Arrel Food Institute et soutenu par Food From Thought.

Le défi

Énoncé de la problématique
Quelles sont les limites principales impactant la logistique d’approvisionnement et de distribution d’aliments locaux dans le cadre de programmes d’alimentation scolaire en Ontario ?

Pourquoi est-ce important?

L’approvisionnement alimentaire public a été identifié par la FAO comme une condition clef afin de promouvoir des systèmes alimentaires durables, l’approvisionnement alimentaire local et une alimentation saine. Pourtant, la majorité des programmes d’alimentation scolaire en Ontario et à travers le Canada ne s’approvisionne pas localement et n’offre par des aliments locaux.

Il s’agit d’une opportunité manquée, mais ayant le potentiel de bénéficier autant les agriculteur(trice)s que les écoles et les élèves.

Pourquoi maintenant?

  • Plusieurs écoles au Canada ne sont pas conçues adéquatement. Pourtant, l’accès à des infrastructures et du soutien dans l’acquisition de compétences sont nécessaires afin de préparer, de transformer, d’entreposer et de servir des aliments locaux et saisonniers. 
  • Les processus d’achats d’aliments et d’offre alimentaire varient à travers le pays et même au sein des provinces/territoires et des communautés.
  • Le Gouvernement du Canada s’est engagé à allouer 1 milliard $ pour le financement d’un programme national d’alimentation scolaire et a déposé une Politique nationale sur l’alimentation scolaire.
  • Les gouvernements provinciaux et territoriaux investissent de plus en plus dans les programmes d’alimentation scolaire et dans la mise à jour des politiques régionales.
  • Le nombre de fermes au Canada est en décroissance depuis les années 1970 et les fermes de moyenne taille sont les plus affectées. Des programmes innovants et des politiques dynamiques axées sur les solutions ont le potentiel de maintenir une diversité des modèles agricoles à travers le Canada.

L’équipe de recherche

Bruna Negri

Bruna est étudiante au doctorat en géographie et étudie la résilience des systèmes alimentaire à travers les réseaux alimentaires alternatifs.

Sedley Benitz

Sedley est étudiante à la maîtrise en biosciences, nutrition et modélisation animales. Ses recherches portent sur la croissance des veaux et des prédicteurs de performance.

Manjurul Islam

Manjurul est étudiant au doctorat en géographie et étudie la résilience climatique des systèmes alimentaires de communautés côtières vulnérables au Bangladesh.

Mary Thornbush

Mary est étudiante au doctorat en sciences de l’environnement. Ses recherches portent sur la gestion et la physique des sols.

Objectifs

La problématique proposée dans le cadre de ce projet est complexe, puisqu’elle est multifactorielle, dynamique, à l’intersection de différents secteurs, tels que les systèmes alimentaires, l’éducation et la santé, et située dans un pays caractérisé par une forte diversité géographique, économique et sociale.

Deux objectifs principaux ont été identifiés :

  1. Offrir à des étudiants des cycles supérieurs une opportunité unique de prendre en charge une recherche innovante en collaboration avec des partenaires non académiques, tout en travaillant sur un défi contemporain et en développant des compétences nécessaires à une carrière dans le domaine agroalimentaire en Ontario et ailleurs. 
  2. Améliorer la compréhension collective des partenaires communautaires quant aux limites principales à la logistique de l’approvisionnement et de la distribution d’aliments locaux au sein des systèmes alimentaires scolaires, ainsi que d’offrir des idées et des actions concrètes afin d’adresser ces enjeux.
Activités principales et résultats

Les activités et les résultats attendus ont été déterminés par les étudiants-chercheurs en fonction de leurs intérêts, des capacités individuelles et collectives et selon les recommandations des partenaires communautaires et des autres parties prenantes durant le projet.

Revue de la littérature

Durant le projet, l’équipe a réalisé une revue de littérature afin de développer sa compréhension de la problématique, tout en identifiant des opportunités. Cette revue de littérature a notamment exploré l’histoire des programmes d’alimentation scolaire, ainsi que les enjeux portant sur la chaîne d’approvisionnement et des problématiques associées en Ontario et à travers le Canada.

Table ronde des agriculteur(trice)s

Les agriculteur(trice)s de l’Ontario et du Canada ont peu d’opportunités d’implication significative au sein de programmes d’alimentation scolaire et de politiques pouvant avoir un impact sur leurs activités. L’objectif de cette table ronde était donc de rassembler des agriculteur(trice)s de différentes régions de l’Ontario (et représentant des fermes de diverses tailles et de régies différentes) pour une première conversation. Pour en savoir plus, consultez le billet de blogue.

Carte des parties prenantes

Les programmes d’alimentation scolaire sont uniques et incluent différents acteurs. Grâce à une activité de cartographie des parties prenantes, l’équipe a souhaité identifier les différentes parties prenantes pouvant caractériser un système alimentaire scolaire. Elle a aussi créé un outil pouvant être utilisé à l’échelle de la communauté afin de comparer l’influence potentielle des parties prenantes, ainsi que leur intérêt et leur disponibilité à s’engager pour l’alimentation scolaire locale.

Entrevues avec des parties prenantes

L’équipe de recherche a organisé et facilité une série de rencontres avec des experts afin de colliger les perspectives de bailleurs de fonds, du milieu universitaire et de la chaîne de distribution. Ces entrevues ont développé leurs connaissances du milieu et ont nourri les conclusions du rapport final.

Table ronde et sondage auprès de coordinateur(trice)s en alimentation et en logistique de l’Ontario

Une table ronde de 90 minutes et un questionnaire subséquent ont été réalisés, afin d’obtenir la vision des coordinateur(trice)s en alimentation et en logistique facilitant le programme de nutrition scolaire de l’Ontario. Le but était (1) d’obtenir une rétroaction sur la carte des parties prenantes et (2) d’en apprendre davantage sur leurs relations avec les fermes locales, ainsi que les limites et les opportunités d’engagement des fermes et d’autres acteurs de la production alimentaire locale dans leurs régions respectives.

Rapport final et webinaire

Le résumé des activités et des résultats de l’équipe de recherche a été présenté dans le cadre d’un rapport final partagé aux partenaires du projet, lors d’une présentation auprès de leurs collègues de classe, ainsi que durant un webinaire public. Visionnez l’enregistrement du webinaire ici.

Prochaines étapes

L’annonce de l’engagement du gouvernement fédéral d’un financement de 1 milliard $ sur 5 ans pour la création d’un Programme national d’alimentation scolaire (avril 2024) et le dépôt de la Politique nationale de l’alimentation scolaire (juin 2024) démontrent qu’il existe une fenêtre d’opportunité importante pour soutenir l’achat et la distribution d’aliments locaux dans les écoles de l’Ontario et du Canada. Pour la première fois, le Canada détient une vision et une politique afin de diriger ces efforts.

Il reste toutefois encore beaucoup de travail à faire afin de mettre en œuvre les principes de la politique pour que les programmes soient :

  • Flexibles – Les aliments devraient être issus de la production locale, lorsque cela est possible, et devraient refléter les circonstances locales et régionales. 
  • Durables – Les programmes doivent être conçus dans une perspective de durabilité écologique.

De même que pour atteindre l’objectif de « renforcer l’alimentation durable et avantager les agriculteurs locaux et l’économie locale » la Politique.

En résumant certaines des limites et des opportunités ayant été identifiées durant le projet, le graphique ci-dessous offre des informations afin de guider les prochaines étapes de l’implémentation du programme et les aligner avec les principes et les objectifs de la Politique nationale de l’alimentation scolaire :

Illustration by Manjurul Islam

Quelques éléments à explorer en dehors des limites du projet :

  • Les modèles d’approvisionnement et de distribution locaux aux États-Unis et au Canada, afin de développer et de partager des études de cas pouvant servir à soutenir des pratiques prometteuses à l’échelle de plusieurs régions et de systèmes alimentaires scolaires
  • Développer nos connaissances des mécanismes facilitant l’approvisionnement et la distribution chez plusieurs fermes locales dont les opérations varient en taille et en échelle. Il serait particulièrement pertinent d’explorer les mécanismes en place pour les opérations de petites et moyennes échelles, pour lesquels les données sont faibles.
  • Explorer les mécanismes d’approvisionnement et de service d’aliments sauvages et d’autres aliments détenant une importance culturelle dans les écoles.

Dr Rachel Engler-Stringer et Dr Amberley Ruets ont inclus le développement de politiques d’approvisionnement alimentaire comme étape clef afin de développer un programme national d’alimentation scolaire. Consultez leur article What needs to happen next for Canada to have a successful school food program dans la revue The Conversation.

Remerciements

L’équipe de recherche souhaite remercier les praticiens en alimentation scolaire, les agriculteur(trice)s, les chercheurs et chercheuses, ainsi que les bailleurs de fonds ayant pris le temps de rencontrer l’équipe et de partager leurs expériences, leurs connaissances et leur expertise dans le cadre de ce projet.

Les partenaires du projet

Cette initiative a été rendue possible grâce au soutien du Arrell Food Institute, du programme Food from Thought de l’Université de Guelph, ainsi que des partenaires communautaires :

De la ferme à la cafétéria Canada (F2CC) est une organisation de bienfaisance pancanadienne dont l’objectif est de transformer la manière dont l’alimentation est vécue, apprise et célébrée à travers les écoles du Canada. F2CC emploie une approche basée sur les partenariats afin de développer les capacités de différentes communautés scolaires du pays et soutenir des systèmes alimentaires scolaires en connectant les élèves au système alimentaire local. Ce travail est réalisé en employant l’approche de la ferme à l’école (aussi nommée l’approche alimentation locale à l’école).

Student Nutrition Ontario Central East Region offre des aliments nutritifs aux enfants et aux jeunes d’âge scolaire de la maternelle à la 12e année dans le cadre de programmes de déjeuners, de dîners et de collations dans plus de 700 écoles de communautés urbaines et rurales dans 7 régions de Centre-Est de l’Ontario. L’objectif du programme est de soutenir l’apprentissage des élèves et un développement sain.

Sustain Ontario héberge l’Ontario Edible Education Network, lequel soutien des individus et des organisations de la province afin de partager des ressources, des idées et des expériences pour faciliter l’accès des enfants et des jeunes Ontariens à manger, cultiver, cuisiner, célébrer et en apprendre davantage sur les aliments locaux et produits de façon durable.

La Coalition pour une saine alimentation scolaire est un réseau pancanadien et non partisan de plus de 265 OBNL membres et de plus de 125 sympathisants organisationnels dans toutes les provinces et territoires militants pour un investissement public au sein de programme alimentaire scolaire universel sain et à frais partagé.